Un changement de philosophie profitable et prometteur, selon Mésonéro
Publié le 17 Avril 2013
L’élimination crève-cœur des Tigres aux mains du Drakkar de Baie-Comeau l’an dernier a laissé des traces indélébiles au sein de l’organisation. En fait, ce balayage au premier tour éliminatoire a forcé la direction de l’équipe à revoir complètement sa philosophie.
Les Tigres ont donc amorcé un changement radical dès le début du camp d’entraînement, passant d’un style axé sur la vitesse et le talent à la robustesse et l’éthique de travail. Cette transformation ne s’est pas faite sans heurt. L’équipe a connu une première moitié de saison très difficile. Yanick Jean et ses acolytes ont finalement vu le fruit de leur labeur être récompensé dans le dernier droit de la campagne. Ultimement, ils ont vu leurs protégés surprendre les Wildcats de Moncton au premier tour éliminatoire.
Jérôme Mésonéro attribue ce succès en séries à ce changement d’approche. Il estime qu’il s’agit de la meilleure recette, selon lui, lorsque vient le temps du tournoi printanier.
«Il fallait apprendre de l’an passé. On ne pouvait pas se mettre la tête dans le sable et partir en vacances. Tout l’été, on a réfléchi à cette situation. On a analysé la façon dont on avait été battu. J’ai aussi regardé énormément de matchs de la Ligue nationale de hockey. On en est venu au constat qu’il fallait changer notre philosophie. Oui, nous avions une attaque redoutable et nous amassions énormément de points dans le passé, mais lorsque la machine se dérègle et que tu mises sur une seule façon de jouer, c’est difficile d’apporter des correctifs en cours de route. En prenant cette décision, on savait que ça prendrait du temps. D’ailleurs, je ne vous dis pas aujourd’hui que nous avons atteint notre but. C’est un travail de longue haleine. Comme Michel Therrien dit tout le temps, on veut être une équipe dure à jouer, peu importe le style de l’adversaire. On veut inculquer à nos joueurs le goût de se sacrifier physiquement. Les équipes qui réussissent bloquent des tirs, frappent fort et jouent en dépit de certaines blessures. L’an passé, nous sommes sortis de la série contre le Drakkar sans aucun sac de glace. Après deux matchs contre Moncton cette année, on avait beaucoup plus de joueurs blessés. Avions-nous de meilleurs joueurs? Non. Avions-nous une meilleure équipe? Non. On avait cependant des individus plus dédiés et prêts à se sacrifier», a-t-il analysé.
Ce changement, à la lumière de ses propos, n’affecte pas seulement les joueurs. Mésonéro souligne qu’à tous les niveaux de l’organisation, cette nouvelle philosophie a été adoptée. Les amateurs de hockey des Bois-Francs, d’ailleurs, le constateront davantage au cours des prochains mois et des prochaines années.
«Notre nouvelle philosophie se reflétera sur nos repêchages et sur nos transactions. D’ailleurs, ce n’est pas pour rien qu’on a ciblé Sawyer Hannay. On avait pourtant plusieurs autres options sur la table, mais on souhaitait explorer cette dimension plus physique. Je suis content de cette décision», a-t-il poursuivi.
Ce changement a d’abord été amorcé par le directeur général. Rapidement, l’entraîneur-chef Yanick Jean y a adhéré. Dès le début de la saison, le personnel d’entraîneurs a imposé un rythme plus soutenu lors des entraînements, au risque d’épuiser quelque peu ses protégés en vue des matchs. Jean admet que la première portion du calendrier a été difficile, autant pour lui que pour le reste des membres de l’organisation.
«Certains vendredis, je savais qu’on aurait de la difficulté à tenir le coup durant les matchs. Je savais à quel point on s’était entraîné dur durant le semaine. C’est difficile pour un entraîneur puisqu’on veut gagner tous les matchs. Ça a été ardu jusqu’à la mi-janvier. Je suis fier que les joueurs n’aient pas lâché. À partir de ce moment, c’était devenu une habitude pour eux de pratiquer un tel style de jeu. J’ai vraiment senti que les joueurs avaient complètement saisi le message à partir de ce moment. Dès le début du mois de février, je leur ai dit qu’ils n’avaient plus à s’entraîner de façon aussi robuste. Je jugeais qu’ils avaient compris. Ils n’avaient plus besoin qu’on leur impose un tel rythme. Je savais à ce moment que c’était mission accomplie», a expliqué le pilote des Tigres.
Considérant cet important changement de philosophie, Mésonéro a donc dressé un bilan particulièrement positif de la saison des siens. «On peut tracer un bilan positif, considérant qu’il s’agissait d’une saison de transition. On a fait confiance aux jeunes, particulièrement en défensive. Dans les circonstances, de se maintenir dans le deuxième tiers au classement général est satisfaisant. En première moitié de saison, nous avons éprouvé toutes sortes d’ennuis sur la route. Ça a eu un impact direct sur notre classement. Notre rendement dans le dernier droit de la saison a contrebalancé tout cela. On a terminé la saison en force. On souhaitait changer notre façon de jouer, notre identité. On voulait passer d’une équipe très offensive et rapide pour une autre plus robuste pour permettre de nous donner de meilleures chances en séries. On sait que le jeu lors des éliminatoires est très physique et plus fermé. Force est d’admettre qu’on était prêt à entrer en séries. Nous avons eu de bons résultats, considérant les attentes fondées à notre endroit. Bien entendu, nous ne sommes pas pleinement satisfaits puisqu’on a été balayé au deuxième tour. On aurait aimé pousser le Drakkar un peu plus loin. Il faut cependant savoir donner le crédit à l’adversaire. Baie-Comeau était en mission. C’est une équipe impressionnante»», a-t-il commenté.
La direction de l’équipe estime que cette transition permettra aux Tigres de figurer parmi les bonnes formations de la Ligue de hockey junior majeur du Québec dans les années à venir. La stabilité qui règne chez les félins aidera, selon le directeur général, à poursuivre ce virage. Il croit même que cette recette sera possiblement un standard dans la LHJMQ au cours des années à venir.
«La meilleure façon d’implanter tout cela est la stabilité, et ce, à tous les niveaux de l’organisation. Les équipes mercenaires n’auront possiblement plus beaucoup de succès dans les années à venir», a-t-il dit, faisant référence aux formations moins patientes avec leur personnel et agressives sur le marché des transactions, notamment.